Le Bazzart de Kalys

The woman

Il y a exactement dix jours, je vous parlais de Dead Season. Le hasard a voulu que The Woman a été produit par les mêmes personnes que Dead Season et qu’ils aient tous les deux échoué dans un bac de DVD à deux euros :) Petit compte-rendu d’un film très dérangeant.

Bien que The Woman ait été présenté en France dans des festivals aussi prestigieux que celui de Gérardmer ou que l’Étrange Festival parisien et malgré qu’il ait obtenu deux prix dont un du public à Strasbourg, il est sorti directement en DVD. C’est bien dommage : je gage que ses défauts ne le rendaient pas moins intéressant qu’un Martyrs ou qu’un Frontière(s).

Le film met en scène Chris Cleek et sa petite famille, composée d’une épouse effacée et de trois enfants, un garçon d’une douzaine d’années, une ado mal dans sa peau et une petite fille. Dès les premières minutes, qui les montrent à un barbecue chez des voisins, on sent comme un malaise, sans être bien capable d’en identifier la cause. Est-ce le machisme un peu beauf de Chris ? Est-ce l’anxiété timide de sa femme ? Ou encore le regard apeuré de sa fille ? Quoi qu’il en soit, on sent nos personnages un peu tendus, voire crispés, sans que cela ne laisse supposer la moindre tragédie.

Fin du barbecue, tout le monde s’embarque dans la grosse familiale et rentre à la maison, une ferme isolée avec un chenil, comme on doit en trouver plein dans les campagnes étasuniennes. Le malaise persiste. Chris, sous une apparente maîtrise, mène sa maison d’une main de fer et n’admet aucune contradiction. En sa présence, tout le monde semble dans des petits souliers.

Puis, Chris part à la chasse. Il en revient avec une prise extraordinaire, démente : une femme. Une sauvageonne habituée à survivre dans la forêt depuis si longtemps qu’elle ne parle même plus. Chris convoque toute la famille dans la cave et lui fait part de son incroyable projet : civiliser cette femme en lui apprenant à la dure comment fonctionne la société. Traduction : en la menottant à une poutre et en la laissant crever de faim si elle ne se décide pas à être gentille.

Portrait glaçant d’une famille en apparence bien sous tous rapports, le film prend à la gorge. Malsain et angoissant, il doit beaucoup à la prestation de Sean Bridgers dans le rôle de Chris Cleek, mais aussi à celle d’Angela Bettis, sa femme. L’emprise exercée par Chris sur son petit monde est tout à fait crédible. Au début, sa violence s’exerce plutôt de manière psychologique. Il instaure un climat de terreur en donnant l’impression qu’il pourrait péter une pile, sauf qu’il se contrôle parfaitement.

Enfin, pas tout le temps. On comprend progressivement la nature des rapports qui unissent / régissent cette famille. Jusqu’à la fin, seul (mais majeur, forcément) point faible du film. Parce que cette fin est trop : trop gore, trop invraisemblable. Il n’empêche que The Woman demeure une perle dont j’ai parfois eu du mal à soutenir la vue, alors l’image n’était pas si choc que ça : tout est dans l’interminable attente du dénouement de cette chronique non dénuée de cynisme.

Vous pouvez aller lire les chroniques spectateurs sur Allôciné : pour une fois, elles ne sont pas dénuées de fondement.

The Woman
Réalisé par Lucky McKee
2011


  1. Je l’ai pas vu celui-ci, j’avais eu des mauvais échos, pis j’ai oublié de le voir. Merci de me rappeler son existence !

    J’avais beaucoup aimé May de McKee, si tu ne l’as pas vu, je te le conseille fortement.

  2. Ah ben j’avais l’intention de le voir, justement ! Je m’en réfère à ton jugement alors :)

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