Le week-end dernier, j’étais seule à la maison et j’en ai profité pour mater des films d’horreur.
It follows est un film de David Robert Mitchell qui, si j’en crois les incontournables Allociné et Wikipédia, a également réalisé The myth of americans sleepover ce qui en français donne La légende des soirées pyjamas. Vous conviendrez que ça laisse perplexe. Si j’ajoute qu’y figure un acteur du nom de Jake Weary et que le wiki anglais me précise qu’il ne faut pas confondre avec jQuery (une bibliothèque JavaScript), tout cela devient fort étrange.
Passé cette remarquable introduction (car j’ai l’art de vendre un film en deux secondes sans rien dire de son contenu), je dois vous dire que j’ai énormément aimé ce film. Enfin, « aimer » n’est pas le verbe que je devrais employer pour parler d’un film qui m’a prodigieusement angoissée, mais c’est ainsi. Les acteurs sont naturels et le réalisateur prend le temps nécessaire pour nous les faire apprécier, à travers des scènes de vie quotidienne qui permettent de montrer leur caractère et leurs petites manies. Ce début presque contemplatif rend la suite d’autant plus perturbante, puisqu’elle nous arrache à un moment agréable (même si le tout début du film permettait de s’en douter – euphémisme).
Alors oui, demeurent quelques petites interrogations, du genre que font les parents de tous ces jeunes ? Mais puisque Mitchell a dit avoir voulu mettre en scène un pur cauchemar (cauchemar qu’il aurait plus ou moins fait lui-même), je trouve qu’il a réussi son pari et réalisé un film aussi poisseux et angoissant que ces rêves dont on ne parvient pas à se réveiller.
Il faut savoir que je fais partie des aficionados de Shyamalan (quoi que je n’arrive jamais à l’écrire). A l’exception de The Village, les films que j’ai vus de lui m’ont tous plu – et non, je ne trouve pas que le twist final de Sixième sens soit crédible ni bien amené. Ce qui n’empêche pas le film d’être terrifiant.
The Visit est filmé caméra au poing, mais ça ne m’a pas tellement dérangée car l’image reste stable et ce n’est pas un prétexte pour faire n’importe quoi. J’ai beaucoup aimé les deux gamins, parce que contrairement à d’habitude, ils possèdent une vraie personnalité… et sont loin d’être idiots. Le film navigue entre deux eaux dans sa plus grande partie : quelques scènes sont plus musclées, mais elles sont d’autant plus effrayantes qu’on baignait depuis le début dans une atmosphère un peu trop pesante et étrange. Les acteurs qui interprètent les grands-parents sont formidables (et horribles. En fait, les vieux qui font peur, c’est aussi perturbant que les enfants qui font peur, mais dans un autre genre.)
Donc oui, vraiment, je conseille ce film aux amateurs. Les critiques spectateurs d’Allociné n’ont jamais peur de rien, mais en même temps, je finis par me demander s’ils ont eu peur un jour, et de quoi. Parce que le truc, c’est que je comprends qu’on ne soit pas tous angoissés par les mêmes choses, mais eux ne le sont ni par les films un peu « réalistes » comme celui-ci, ni par les histoires surnaturelles comme celle qui va suivre. Du coup, ils aiment quoi, eux, comme films d’horreur ?
Je me suis calée devant Sinister persuadée que j’allais regarder une sinistre (ha ha) bouse ; c’est peut-être pour cette raison que j’ai été fort agréablement surprise.
C’est l’histoire d’Ellison (joué par Ethan Hawke), un écrivain renommé surtout pour un bouquin, Kentucky Blood, une enquête sur les traces d’un crime non résolu ayant abouti à la découverte des meurtriers. Problème, Kentucky Blood date d’il y a dix ans, et la famille d’Ellison commence à manquer de pognon. C’est pourquoi ils emménagent dans une maison plus petite (et quand vous verrez celle d’où ils venaient vous comprendrez qu’il était peut-être temps, en effet, de réduire leur train de vie). Maison qui a été témoin d’un quadruple homicide assez sordide, mais ça, Ellison évite de le raconter à sa femme, le but étant bien entendu de pondre un livre sur la question.
Dans le grenier, Ellison tombe sur un carton contenant des films en super 8 qui tous représentent des meurtres épouvantables et portent des titres bucoliques comme « barbecue » ou « pendaison de crémaillère » pour celui qui concerne sa propre baraque. A partir de là, Ellison intensifie son enquête (on pourrait même dire qu’elle l’obsède), et des événements plus que troublants viennent perturber les nuits dans la maison (mais pas le sommeil de l’épouse et des gosses, bizarrement.)
La construction du film est classique, les événements qui surviennent aussi, mais c’est parce qu’ils sont terrifiants qu’ils sont classiques, donc bon. Si je vous dis que le réalisateur, Scott Derrickson, a aussi réalisé L’exorcisme d’Emily Rose, peut-être verrez-vous mieux ce que je veux dire. Alors, non, Sinister n’est pas à la hauteur de son prédécesseur, mais il demeure d’après moi un très bon film. C’est vrai qu’Ellison n’est pas très sympathique et qu’il s’acharne même, d’après moi, à mettre sa famille en danger alors même qu’il est lui-même super apeuré. J’ai lu dans les anecdotes de tournage que Derrickson, sachant son personnage profondément antipathique, avait cherché pour l’incarner un acteur grâce à qui les gens auraient quand même envie de s’accrocher à son histoire. Pari réussi, si vous voulez mon avis. Je ne sais pas d’où ça vient, mais ce film a ce que je-ne-sais-quoi d’honnête et soigné qui me l’a fait apprécier. Peut-être est-ce la relation d’Ellison avec l’adjoint au shérif, peut-être est-ce le sujet (surnaturel) qui me parle, peut-être est-ce tout simplement que le réalisateur sait ce qu’il a à faire et que la progression implacable du film fait monter l’angoisse. Les jumps-scare sont efficaces (faut dire que j’ai beaucoup aimé la bande-son), les acteurs convaincants et l’histoire, franchement glauque. Je vous laisse avec la chronique de Durendal, que je découvre tout juste puisque je cherchais de quoi illustrer ce billet. Je suis globalement très d’accord avec ce qu’il dit – et il ne spoile pas.
A un moment (huit minutes environ), Durendal fait une remarque intéressante : il trouve qu’Ellison sur-réagit face aux images auxquelles il est confronté (enfin, une en particulier). En effet, d’après lui, Ellison vivant comme nous dans une société où la violence est hyper-représentée, ça ne devrait pas lui faire autant d’effet. Pour ma part, je crois que déjà, il faudrait, dans le cadre d’une chronique sur un film d’horreur, différencier l’effroi du dégoût, du fait d’être choqué. De plus, quand bien même le personnage aurait pu limite rire de cette scène s’il l’avait cru fictive, sa réaction sera tout autre à partir du moment où pour lui, il le sait, c’est réel.
Quelque chose à ajouter ?