Le Bazzart de Kalys

Tranceböxx

Ante-scriptum

Il y a quelques années (quinze… aaaarg), quand j’ai découvert VNV Nation, je me souviens avoir écrit que leurs compositions représentaient pour moi le stade ultime de la musique électronique telle que je l’aime, parce que leurs mélodies se développaient de manière quasi-organique, tandis que la techno de mon adolescence jouait sur les répétitions et ne décollait jamais vraiment. Pour illustrer mon propos, j’avais comparé un de mes morceaux favoris de VNV – Saviour – avec un titre que j’ai écouté des centaines de fois quand j’avais quatorze balais : Eternal Rhapsody, de Marino Stephano.

Sans revenir sur ce point (Saviour est super bien composé, tandis qu’Eternal Rhapsody est facile et sans intérêt, toujours à mon humble avis), j’ai quand même envie de consacrer un article à ce genre de techno qu’on appelle trance, parce qu’après avoir passé trois jours le casque vissé sur les oreilles à secouer la tête, taper du pied et m’extasier littéralement sur la trance de la grande époque, je réalise que j’aime ce genre d’amour et que je n’y puise pas la même chose que dans les autres styles de musique (wahou, cette phrase est hyper-longue, Yoast SEO va m’enfoncer, du coup j’ajoute une parenthèse exprès).

Définir le genre

Précisons-le tout de suite : je n’ai jamais mis les pieds dans une rave-party. J’ai découvert la trance par le biais des compil’ Ultra Techno et d’un magazine dont j’ai oublié le titre où j’ai appris le peu que je sais sur la Goa. Je suis une autodidacte esseulée, ce qui explique que je ne connaisse rien à l’histoire du mouvement ni à ses protagonistes.

En ce qui concerne l’histoire et la définition du genre, je vous invite à lire la page Wikipédia, claire et concise. Je ne me risquerai pas à classer les artistes dont je vais parler dans un sous-genre ou un autre, mais je crois pouvoir affirmer que la majeure partie de ce que j’écoute appartient à la hard trance, de manière assez logique vu qu’elle émerge dans les années 90. J’écoute aussi de l’uplifting, mais je la trouve en réalité beaucoup plus commerciale, c’est-à-dire de moins bonne facture, moins originale, voire carrément niaise.

En français, le mot transe désigne l’état d’exaltation de quelqu’un qui est transporté hors de lui-même et hors du monde réel […] (Source : Larousse). C’est l’effet qu’est censé produire cette musique, tout en créant un effet de communion, lorsqu’elle est écoutée à plusieurs. Si j’ évacue le blabla métaphysico-mystique d’un certain nombre d’amateurs, je les rejoins sur un point : cette musique me donne l’impression d’être connectée à l’univers. Mais j’y reviendrai.

À l’origine

En 1993, sont sortis deux titres qui, toujours selon Wikipédia, ont beaucoup influencé le genre et qui font toujours partie de mes classiques. Eliness en avait d’ailleurs linké un dans mon article du Carnet Orange sur l’électro pourrie (il s’agissait de Cafe del Mar – Energy 52). L’autre, c’est celui-ci :

Dreams – Quench – 1993. 2min35 : le genre de son qui me fait décoller. Reprise à 4min06.

Comme je suis beaucoup plus influençable que je n’aime à le croire, j’ai cessé assez rapidement d’écouter ce genre de trucs, persuadée que c’était « de la daube ». J’avais l’impression de m’être fourvoyée parce que je ne connaissais rien à rien, et découvrir le vrai bon rock m’avait remise dans le droit chemin. Hérésie, parce que comme je l’ai déjà dit vingt fois ici, l’électro, c’est ça ma vraie came… même quand elle est mauvaise.
Comme dirait Mal’, c’est comme les films d’horreur : même s’ils sont mauvais, je mets un point d’honneur à tous les connaître, parce que c’est ça mon kif, c’est ça ma culture. Et aujourd’hui, débarrassée des oripeaux de l’adolescente mal assurée, j’ai juste envie de reconnaître : que voulez-vous, j’aime ça.

Mes classiques

En ce moment, je médite tous les soirs. Puis j’écoute de la techno. Mon morceau préféré : 

The Legacy – Push – 2000.

Le morceau ne démarre vraiment, d’après moi, qu’à 1min52, c’est-à-dire quand la mélodie se lance. Le reste n’est qu’installation, préparation quasi spirituelle de notre cerveau à la répétitivité lancinante qui constitue la base de tout morceau de techno. On pourra reprocher aux titres trance de tous se ressembler, et on n’aura pas tort. Mais que voulez-vous : j’aime ça :D

Vous vous demandez peut-être quel est le rapport avec la méditation ?
La base de la méditation, c’est le souffle. On cherche à respirer en pleine conscience, c’est-à-dire à se concentrer uniquement sur l’inspiration, puis l’expiration, sans jamais les anticiper. Et c’est, de mon point de vue, la chose la plus difficile, après le simple fait de ne pas laisser son esprit dériver.
Et la techno, donc, parce qu’elle utilise également des motifs récurrents, permet exactement le même exercice. J’essaie de me laisser bercer par la mélodie en entendant, en écoutant chaque note, sans la devancer, sans laisser mon cerveau prévoir la suite. Quand on y arrive, c’est… selon moi, c’est la chose la plus relaxante, la plus apaisante que j’ai jamais connue.

Je pense que les gens qui prennent de la drogue mésestiment complètement les capacités de notre cerveau, même si j’avoue sans mal recourir moi-même à l’alcool dans un but purement anxiolytique. Je sais que je pourrais parvenir au même résultat par la pratique de la méditation. J’ai juste, souvent, la flemme… ou pas le courage de lutter.
Et je crois qu’une fois qu’on a atteint un état de calme profond, on peut accéder à ces recoins sombres de notre cerveau que l’on n’a pas l’énergie de retrouver, et donc d’explorer, dans un autre état d’esprit.

Cela me fait penser à tous ces passages où Don Juan fait ingurgiter des substances hallucinogènes à Castañeda. Cela me dérangeait un peu, jusqu’à ce que le chaman dévoile à son élève que l’herbe du diable et la petite fumée étaient des facilitateurs… mais qu’un sorcier sage et puissant n’en a pas besoin pour voir…

 

Opus 17 – Rank 1 – 2005. Je ne sais pas si je suis influencée par cette très, très belle illustration, mais qu’est-ce qu’il est triste, ce morceau…

Carte Blanche – Veracocha – 2011.

L’Esperenza – Airscape – 2009. Oui, je sais…

Et enfin, retour aux sources avec ce morceau de 1997 :

Man on Mars – Komaniko – 1997.

Et celui-ci (1998), qui comme son titre l’indique, n’est pas de la trance, mais franchement, je ne vois pas tant de différences, si ce n’est que le son est plus brut, plus agressif.

House of House – Cherry Moon – 1998. Ce morceau a été un de mes plus gros coups de cœur, à l’époque ! Si vous deviez n’en écouter qu’un parmi ma sélection, que ce soit celui-ci !

Post-scriptum

J’ai effectué quelques recherches avant de rédiger ce billet parce que je ne voulais pas dire de conneries à propos, notamment, des objectifs poursuivis par les compositeurs. Je suis tombée sur des trucs pas piqués des hannetons, dont le blog d’une prétendue médium antisémite et complotiste (ce qui est d’autant plus « drôle » que d’après elle les festivals de trance sont l’occasion de véritablement communier avec les autres. Je ne pense pas qu’elle ait un jour saisi le sens du mot « empathie ».)

Et puis il y a eu cet article hallucinant, que je ne peux m’empêcher de partager avec vous : on a accusé les raveurs de beaucoup de choses, mais alors ça, c’est inédit ! Enjoy…

L’élite noire derrière les rave-parties

Sur ce, je retourne à mes invocations démoniaques.


  1. « (wahou, cette phrase est hyper-longue, Yoast SEO va m’enfoncer, du coup j’ajoute une parenthèse exprès) » J’ai tellement ri :D

    Je n’avais jamais vraiment prêté d’oreille à Saviour, et je réalise en te lisant que ce que j’aime particulièrement dans VNV Nation est le contraste entre le chant et le rythme. Par exemple, je trouve que la voix du chanteur équilibre parfaitement Momentum, qui est pour ma part un de mes morceaux favoris du groupe.

    J’aime beaucoup ton article parce que je m’y reconnais : j’ai du mal à assumer et affirmer aimer ce genre de morceaux, qui sont souvent associés à de la soupe, et que je prétends moi même trouver « daubesques » histoire de tenir je-ne-sais-quelle réputation (coucou la peur du jugement). Après avoir écouté plusieurs des morceaux que tu partages, j’avoue préférer des pistes un peu moins rythmées au quotidien, réservant celles du genre que tu apprécies à des moments bien spécifiques de boost d’énergie. La musique me draine beaucoup, aussi je fais toujours attention à l’investissement intellectuel que chaque morceau représente pour moi. C’est par exemple pour cela que je regrette ne pas pouvoir apprécier beaucoup de groupes de métal, car en écouter plus d’un ou deux morceaux m’épuise complètement.

    Par contre, au bon moment, dans la bonne humeur… Tes morceaux sont absolument magiques <3

    Je me reconnais aussi fortement dans cet exercice d'essayer d'écouter la musique "en écoutant chaque note, sans la devancer, sans laisser mon cerveau prévoir la suite". Être dans le moment présent, un exercice qui est d'ailleurs bien plus difficile qu'il n'y parait – et je regrette en être totalement incapable pour les morceaux les plus chers à mon cœur, que j'aimerais tant redécouvrir d'une oreille vierge sans en connaître les moindres résonances.

    Le dernier article que tu partages m'a fait tellement rire, haha ! Je t'avoue fantasmer un peu sur ces rave-parties, surtout dans la dépersonnalisation qu'on doit ressentir en s'y immergeant totalement. Même si hélas, je suis bien trop méfiante pour envisager m'y sentir en sécurité et y lâcher prise – peut-être dans une autre vie ?

    Merci en tout cas beaucoup pour ce partage ouvert sur lequel je réagis un peu tard – il m'a fait découvrir pas mal de morceaux que j'ai ajoutés à ma playlist "concentré d'énergie", et m'a fait réfléchir un peu plus à mon propre rapport à ce genre musical (en me permettant de sérieusement envisager d'arrêter mon élitisme à deux balles pour embrasser pleinement mes goûts ;) )

  2. Merci pour ton retour !

    Je partage totalement ta manière d’envisager la musique et je réserve moi aussi ce genre de morceaux à des moments particuliers. Il se trouve qu’au moment de l’écriture de ce billet (des trois jours qui l’ont précédé jusqu’à l’explosion qu’a représentée le suivant, « Mare »), j’avais précisément besoin de ce boost d’énergie et de ce lâcher-prise. Mon métier et surtout mon emploi du temps ces dernières semaines me permettent de profiter régulièrement de ces soupapes.

    Je te rejoins également dans cet attrait distancié aux raves-parties : j’aurais aimé en faire l’expérience, mais je suis beaucoup trop coincée, méfiante et misanthrope pour que cela me convienne réellement ;)

Quelque chose à ajouter ?

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